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La Classe à Vefa... hum... DE Vefa !
Rallye-liens
Les Docs du Mois de la CPB

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5 janvier 2014

Réflexions autour des devoirs à la maison...

Depuis quelques années, mon point de vue sur les devoirs a changé… Et je voulais aujourd’hui faire le point sur l’évolution de ma pratique au fil des ans.

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Les devoirs sont toujours très controversés. La règle dit : « pas de devoirs écrits à la maison ». Ce que souvent le public (parents, journaux, médias…) traduit par « pas de devoirs à la maison ». Mais au final la question principale reste : à quoi servent les devoirs à la maison ? Quelle est leur utilité, leur fondement pédagogique ? Pourquoi les enseignants demandent-ils aux familles de faire faire des devoirs à leur(s) enfant(s)s ?

Quelques fondements

La classe est le lieu des apprentissages. C’est donc le lieu des expériences de groupe, des essais, du partage avec ses camarades et de la découverte de techniques, de connaissances. Du réinvestissement de ces apprentissages aussi : dans des situations identiques à plusieurs jours d’intervalle, avec de nouvelles situations, cumulés avec de nouvelles (ou de plus anciennes) connaissances, etc.

Apprendre c’est découvrir, comprendre, connaître… puis reconnaître et refaire pour s’entraîner. Mais aussi : laisser de côté, oublier, ne plus utiliser… puis redécouvrir, comprendre à nouveau ou d’une autre manière. Pour ancrer les savoirs dans sa mémoire à moyen puis à long terme, il faut passer par toutes ces étapes. Les phases d’oubli sont souvent décriées par les enseignants et les parents mais elles font partie de l’apprentissage, pour une fixation durable dans la mémoire : elles obligent l'élève à faire appel à sa mémoire longue, à utiliser diverses stratégies pour réassocier les éléments entre eux et ainsi reconstruire ses connaissances et les fixer durablement…

Le travail en classe est un travail dans le groupe. Avec un enseignement traditionnel, tous les élèves font les mêmes exercices au même moment. Avec un enseignement traditionnel différencié, les élèves font plus ou moins d’exercices, commencent par un niveau ou l’autre mais travaillent encore la même compétence au même moment. Le voisin (ou la voisine), l’enseignant (ou l’enseignante) est présent pour étayer, guider, rappeler et corriger la direction prise si besoin lors de la phase d’apprentissage.

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Et les devoirs alors ?

Si vous suivez bien, vous comprenez que l’enfant, dans la classe, n’est jamais vraiment seul face à son savoir.

L’objectif des devoirs est donc pour l’enseignant d’obliger l’élève à faire appel à ses connaissances, de manière indépendante, pour vérifier qu’il a acquis ce qui a été travaillé en classe. Le but est de réactiver la mémoire pour une meilleure mémorisation, un ancrage des acquis dans la mémoire longue.

Certains y voient aussi l’occasion de créer un lien entre l’école et la famille qui permet aux parents de savoir ce que travaille son enfant dans la classe. Mais à mon avis, ce ne doit pas être l’objectif principal : nous travaillons avant tout pour les élèves, pas pour que leurs parents se tiennent au courant de notre travail… Il existe d’autres manières que les devoirs pour que les parents puissent se tenir informés du travail réalisé par leur enfant.

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Où est le problème alors ?

D’abord dans la quantité : en effet, en 6 heures de classe, beaucoup de notions et connaissances sont abordées. Auparavant j'aurais voulu que toutes ces nouvelles connaissances soient revues en individuel à la maison à un moment ou à un autre. Je considérais que le travail de mémorisation se faisait peu en classe et devait donc se faire à la maison.

Ensuite dans la transmission des consignes. Quand je faisais noter : « revoir la leçon O6 : les homophones », je n’envisageais pas toujours ce que ça signifie pour la famille. Pour avoir un mari non enseignant, je peux vous assurer que ça peut prendre des proportions énormes en quantité de travail ! Argument : pour revoir une leçon, il faut savoir l’utiliser… donc si l’enseignant n’a pas donné d’exercice à faire, le parent le fait et ce n’est pas toujours adapté ni en qualité ni en quantité… Sans compter que selon les leçons, le type d’exercice entraîne d’autres questionnements, d’autres connaissances à réactiver… et c’est le cercle infernal !

De même une consigne aussi simple que « lire le texte» peut vite se transformer en « lire le texte à voix haute en mettant le ton, articulant correctement et répondant à des questions sur la lecture » ; alors que tout ce que voulait l’enseignant, c’est que l’élève prépare seul son texte en lecture silencieuse pour préparer le travail du lendemain sur « repérer la ponctuation pour mettre le ton correctement » en classe…

On peut donc arriver facilement à une heure voire une heure et demie de travail à la maison pour deux ou trois choses demandées par l’enseignant… Revoir quatre leçons d’orthographe, préparer l’évaluation de géographie et apprendre les mots pour la dictée est synonyme de calvaire ! Pour les parents (et c'est du vécu !) mais surtout pour les élèves ! Y compris quand c’est pour le lundi : le week-end, parents et enfants ont envie/besoin de se détendre. Et on peut les comprendre (même si en tant qu’enseignant, on travaille forcément quelques heures dans notre week-end !).

Mes propres enfants n'ont pas vraiment de difficultés scolaires. Et pourtant j'ai été confrontée à de nombreuses difficultés en voulant leur faire faire leurs devoirs ( y compris pour faire comprendre à leur père ce qu'implicitement la maîtresse voulait en donannt tel ou tel devoir à faire)... Alors je me suis mise à la place de mes élèves en difficulté...Ces élèves qui ne suivent pas bien en classe et qui ne sont pas suivis à la maison pour diverses raisons... J'en ai conclu qu'avec les devoirs donnés ainsi, l’écart se creuse : pas de devoirs ou alors faits au minimum sans vérification : « revoir, c’est relire la leçon », ce qui ne suffit pas non plus si on vise la mémorisation à  long terme… Alors que d’autres reviendront avec un entraînement important voire un cours refait avec papa ou maman…

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Comment j’essaie d’intégrer ces différents facteurs

Dans l’idéal, je ne donnerais pas de devoirs… Même si je suis d’accord avec l’objectif de mémorisation. Parce que trop souvent, quand il est fait, le travail fait avec les parents va au-delà de ce que j’estime nécessaire…

Dans la pratique, peu de parents acceptent de voir leur enfant revenir sans devoirs et les parents impliqués ont tendance à faire faire quand même des devoirs… Ne pas donner de devoirs est une anomalie dans notre système…

Je donne donc des devoirs. Et j’essaie d’être la plus précise possible dans l’énoncé :

  • en maths : une leçon à revoir/tester (ex. : revoir la technique de la division posée et tester avec une opération), une ou deux tables à réciter (réciter la table de 7 dans l’ordre)
  • en français : revoir la leçon et réciter (ex. : revoir la leçon sur les déterminants : réciter les catégories de déterminants), conjuguer le verbe prendre au présent (avec les terminaisons), lire le texte silencieusement et essayer de répondre aux questions…

et en début d’année, je dis très exactement à mes élèves comment faire : on récite la conjugaison, la table, etc. lors de la copie. Ensuite, quand j’ai un doute, je le montre à nouveau ; quand ils ont un doute, ils me demandent comment ils doivent faire. En réunion de rentrée avec les parents, je précise que si c’est trop long, c’est qu’il y a un problème et que c’est mon travail de le résoudre donc ils doivent m’avertir. (C’est très difficile à obtenir en CM2 alors que le fonctionnement était différent dans les classes précédentes mais en début de cycle, les parents et les élèves l’adoptent facilement…). Je le répète souvent en rendez-vous par la suite...

Globalement, je donne un travail en maths, un en français et de temps en temps la leçon d’histoire ou de sciences à relire/apprendre.

 

Voilà donc où m'ont menées mes quelques années d'enseignement, mes propres expériences face aux devoirs de mes enfants et mes lectures diverses et variées tout au long de ma carrière. J'ai d'ailleurs quelques-unes de ces lectures à vous recommander si vous souhaitez en savoir plus sur l'apprentissage et la mémorisation :

     

J'ai les anciennes versions de ces deux ouvrages et je m'y suis replongée l'été dernier, ce qui m'a permis de comprendre des passages qui ne m'avaient pas parlé la première fois que je les avais lus, le manque d'expérience sans aucun doute...

et un lien vers l'académie de Savoie : Mémoire et apprentissage

 

Ces réflexions sur les devoirs m'ont amenée à modifier fortement mon travail en classe et ma préparation de séances... Mais je vous en parlerai (peut-être) dans un prochain article...

Maintenant, à vous de me dire comment vous faites et quelles raisons vous poussent à le faire. Que vous soyez blogueurs ou pas. C’est parti pour le rallye-liens !

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Commentaires
P
Je commente ici en tant que maman d'un garçon de 9 ans (CM1) et non enseignante. Mon fils n'a pas de souci particulier en classe, il travaille bien et a un bon niveau : donc pour les devoirs, quand il est écrit "revoir leçon ...", je lui fais relire les leçons et je lui pose des questions pour voir s'il a bien compris. Pour les leçons de sciences et hist/géo, on y travaille un peu plus : et là, c'est plus compliqué car mon fils a du mal à mémoriser en lisant. Donc on s'y reprend à divers moments de la journée (en général on a les devoirs 1 semaine à l'avance !!) sur plusieurs jours, je lui lis les leçons (pour sa mémoire auditive), il les relit, je lui pose des questions : et je lui fais relire aussi les leçons juste avant de s'endormir (perso, c'est ce que je faisais et je trouvais que je mémorisais mieux !!). De temps en temps (les mercredis ou WE ou pendant les vacances, s'il est d'accord) je reprend des dictées faîtes en classe, car l'orthographe est son point faible.<br /> <br /> Cette année la quantité de devoirs donnée est correcte : ni trop, ni trop peu. Par contre, l'année dernière, il avait un autre instit qui donnait toutes les 2 semaines soit un auto-dictée, soit une production d'écrit à faire à la maison, et là, c'était beaucoup plus difficile à gérer !! <br /> <br /> Voilà mon quotidien de maman qui fait faire les devoirs; je ne sais pas si je fais trop ou pas assez, mais je ne me voie pas arrêter de faire faire des devoirs à mon fils.<br /> <br /> Bonne continuation,<br /> <br /> Phanie
O
Reformulations multiples par les élèves pour qu'ils entendent plusieurs fois de façons différentes la même chose, moyen aussi de vérifier qu'ils aient compris et qu'ils restent attentifs, cartes mentales, APC pour apprendre comment ils fonctionnent dans le domaine de la gestion mentale. Plein de petites choses pour les aider à voir dans leur tête par exemple: mémorisation orthographique avec des jetons de loto, ils épellent le mot en imaginant la lettre sur le jeton et en le montrant puis le font à l'envers etc.Et toi?
O
Je crois que pour beaucoup d élèves en difficulté, la mémorisation, la gestion mentale est un concept absolument inconnu... du coup ils apprennent pour le lendemain sans réellement se mettre en projet... et en classe ils se font tout petits pour qu on oublie de les interroger... du coup l apprentissage des lecons le soir est un veritable casse tête sans garantie de reussite. Malgré un apprentissage quotidien dans ce domaine, certains n ont tjs pas eu le declic... mais je ne désespère pas...
O
Réflexion très intéressante! Je pense que cela dépend des élèves.... Mais l'équilibre n'est pas simple. D'un côté ils ont besoin de revoir ce qu'ils ont commencé à mémoriser la journée, de l'autre ils sont fatigués par leur journée. Je donne un peu plus de travail le week-end (lecture, parfois un exercice) mais sinon la semaine, ce sont des leçons et une révision de dictée ... Je sais que pour certains c'est déjà beaucoup! Il me semble que c'est le minimum.
N
Coucou,<br /> <br /> <br /> <br /> C'est très rigolo car en ce qui me concerne, j'en suis arrivée aux mêmes conclusions que toi. J'ai hâte de voir le prochain article pour savoir si on fait aussi pareil...<br /> <br /> <br /> <br /> Bises et bonne rentrée demain
La Classe à Vefa... hum... DE Vefa !
  • Enseignante depuis quinze ans, d'abord en maternelle puis essentiellement en cycle 3, je viens partager avec vous mes démarches, mes trucs et astuces, et mes interrogations face à des élèves de CM. N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez !
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